05/02/2012

Éloge de la lenteur (forcée)

Par Geneviève

Hernie(s)

Ce qui est bon avec une attaque de sciatique qui se révèle une hernie discale, c’est que ça nous force à ralentir. Plus moyen de courir après un autobus ou de se presser à traverser la rue au feu jaune.  Je risque à tout instant de me faire rappeler à l’ordre par les douleurs soudaines dans le bas du dos. Ra-len-tis!

Certes, cela engendre son lot de frustration. Au début, je ne vivais de désagréments qu’en me penchant par en avant (en mettant mes chaussettes par exemple) mais ensuite il y a eu une raideur et une douleur à peu près constante dans la jambe droite qui a ralenti mon pas. C’était avant les picotements jusqu’au pied et les douleurs soudaines évoquées plus haut, puis (la cerise sur le sundae) l’impossibilité de m’asseoir. Ne reste plus qu’à passer la journée allongée ou assise sur le ballon de yoga si je veux pouvoir gagner ma croûte!

Vrai que j’ai déjà un côté contemplatif. Fatalement, je l’exerce d’habitude en marchant un peu partout l’hiver ou en me déplaçant à vélo l’été. Mais là je trouve que c’est un peu ridicule, cette démarche de petite vieille (je ne peux plus tendre la jambe aussi loin) et cette nécessité d’être toujours aux aguets du moindre obstacle qui causerait le faux  mouvement qui désaxerait la colonne d’un millimètre, pinçant vers l’extérieur le mou du disque, le poussant sur le nerf qui n’aime pas se faire flatter de la sorte.

On sourit avec bienveillance quand on entre dans mon cubicule et qu’on me voit me balancer sur le gros ballon d’exercice bleu qui me sert maintenant de trône. Contrairement aux chaises de bureau modernes dotées de roulettes, il est impossible de se retourner vite, sur un ballon. Alors les gens viennent à moi. Et on me laisse assister au concert debout, au fond de la salle, si la position assise devient insupportable.

Je me suis aussi procurée un chariot pour traîner mon épicerie. Super pratique, ça évite de porter les sacs, mais il faut quand même se pencher pour le remplir. Et puis encore une fois, ce feeling de mémé qui m’envahit.

Je ne suis pas à plaindre : ce n’est pas le cancer ou la dépression profonde. Avec la physiothérapie, les médicaments, les infiltrations de cortisone, de la patience et les doigts croisés, ça guérira. Len-te-ment…